I feel you - Chapitre 6 - Partie 1 [Lybertys]

Publié le par Lutraah/Lybertys

Première partie /!\

Lorsque sa mère me demanda de sortir de la chambre, je m’exécutais aussitôt, comprenant qu’ils avaient besoin d’une discussion tous les deux. Ce ne fut pas pour autant que je m’éloignais de la chambre une fois à l’extérieur, restant derrière la porte après l’avoir fermé. Je ne savais que trop penser de l’état de Bastien. Quelque chose clochait. J’avais surveillé Bastien pendant plusieurs jours, et même le lâcher des yeux quelques secondes me mettait dans un état d’inquiétude.

               
-
               Bastien... Commença-t-elle d’une voix calme qui cachait mal son inquiétude.

-               J’ai pas envie de te parler. Répondit-il trop rapidement à mon gout.

-               Je vois bien que… que tu es malheureux. Seulement, je ne sais plus quoi faire.

-               Il n’y a rien à faire ! Et je ne suis pas malheureux… J’ai des supers parents, des frères et des sœurs adoptifs géniaux… Et surtout maintenant avec Morgan dans ma chambre, c’est le bonheur !! Dit-il ironiquement.

 

Si sa mère acceptait sans aucun souci l’homosexualité chez un autre comme moi, sa tolérance ne s’étendait pas à son fils et elle le démontra en répondant :

-               Justement, en parlant de lui… Tu sais que tu peux m’expliquer tout Bastien. J’ai réagis impulsivement l’autre jour mais si tu as des questions… Si tu te poses des questions et que tu crois avoir besoin d’expérience auprès des… des garçons, je…

Heureusement que ma mère ne m’avait pas fait ce coup là. Pour dire vrai, elle se moquait totalement de mes préférences sexuelles. Que j’aie un petit ami ou une petite amie ne lui apportait rien, ne s’attachant qu’aux choses qui la touchait personnellement. Je pleins Bastien du calvaire qu’elle lui infligeait, alors qu’à ce moment même il méritait bien autre chose.

 

-               Maman ! Cria-t-il. Je ne suis pas pd ! Je te l’ai déjà dit ! Tu ne m’écoutes vraiment pas !!

-               Tu en parles à ta psychologue ? Tu n’es pas homosexuel, je le sais bien. Tu ne peux pas l’être, tu n’as jamais eu de problèmes…

 

Se rendait-elle compte de l’état de Bastien ! Je bouillais intérieurement. Mon cœur battait, je craignais le pire, sans trop savoir pourquoi, je le présentais. Je dus me faire violence pour ne pas entrer dans la chambre à nouveau.

 

-               Quoi ? Mais t’es complètement dingue !! Pourquoi tu dis autant de conneries ?
-
               Reste poli quand même s’il te plait ! Répondit-elle plus vivement en se relevant.
-
               Pourquoi est ce que je dois gueuler ? Parce que je n’ai jamais eu de problème ou parce que tu ne veux pas que je sois moi-même ?
-
               Tu veux dire que tu es comme Morgan ? Cria-t-elle, hors d’elle. Tu l’as embrassé ? Vous avais fait des choses ensemble ? J’avais raison n’est-ce pas ? Quand je t’ai trouvé ce jour-là, tu…

Mes poings se serrèrent, résistant une fois de plus.

 

-               Non ! Hurla-t-il. Pourquoi tu ne me crois pas ? Pourquoi es…

J’entendis peut de temps après un bruit sourd comme une masse tombant sur le sol, suivit de très près par le cri de sa mère. Sans réfléchir, je rentrais dans la chambre pour découvrir Bastien étendu sur le dos, sa mère catastrophée penchée sur lui. S’apercevant de ma présence lorsque j’approchais un peu plus, elle me demanda de m’aider à le soulever pour le mettre dans son lit la voix brisée par l’angoisse d’une mère ayant son enfant en danger. Je ne répondis rien, et m’exécutait. Une fois installé, j’allais chercher ce qu’elle me demanda, tandis qu’elle rabattait la couverture sur lui. Cela ne semblait être qu’un évanouissement, mais vis-à-vis de tout ce qui venait de se passer ses derniers temps j’étais fortement inquiet. Lorsque je revins en courant dans la chambre, grimpant les escaliers quatre à quatre,  j’arrivais tout essoufflé, tendant tout ce que sa mère m’avait demandais. Bastien respirait paisiblement, se semblait dormir comme jamais il n’avait eu l’occasion depuis deux semaines. Sa mère était pâle comme un linge, mais elle ne quittait pas Bastien des yeux. L’anxiété tirait ses traits, elle semblait ne plus vraiment savoir quoi faire avec son fils, la culpabilité la rongeant de l’intérieur. J’aurais aimé que Bastien prenne le temps de réellement observait sa mère, et qu’il la voix passer une main tendrement dans ses cheveux avant de murmurer son nom.

Elle se redressa soudain, se tournant vers moi. Je n’avais pas remarqué la force qu’elle puisait en elle pour résister à la panique. Seulement au vu de ses gestes presque tremblant et de ses mains se crispant d’angoisse. Inspirant profondément, elle me demanda brièvement :

-
               Morgan est ce que tu peux rester auprès de lui. Je vais appeler le médecin et son père.

Elle inspira de nouveau, la panique se lisant dans ses yeux. Elle tentait d’avoir la meilleure réaction possible, mais son cœur lui criait de prendre Bastien dans ses bras.

 

-               Je le surveille… Dis-je, mal à l’aise face à son effroi.

Sans un mot, elle lança un dernier regard à Bastien avant de se précipiter vers le téléphone. Je pus l’entendre de la chambre appeler le médecin en catastrophe, parlant fort et perdant son sang froid. Je crus comprendre qu’il n’allait pas tarder à venir voir Bastien. Je n’écoutais pas la suite, me concentrant de nouveau sur celui que je devais surveiller. Sa respiration était pesante et profonde, signe irréfutable qu’il avait accumulé une fatigue énorme. Alors que j’approchais une main pour le toucher, je m’arrêtais en chemin, figeant ma main dans l’espace. Je devais prendre mes distances. Je ne pouvais pas le toucher alors qu’il n’en n’avait certainement pas la moindre envie.

J’allais m’asseoir sur mon lit, lâchant un soupire. Me plaçant de façon à pouvoir le voir, Je résistais contre m’en envie de m’allumer une cigarette qui aurait parfaitement convenu à la situation. Les yeux perdu dans le vague dans la direction de Bastien, je surveillais cependant attentivement sa respiration, rythme lent et régulier, s’accélérant de temps en temps. Je l’avais surveillé pendant deux semaines, et l’angoisse grandissait dangereusement en moi, Bastien avait quelque chose de plus que de simples crises de panique. Sa mère arriva dans la chambre peu de temps après, s’adressant directement à moi après un regard posé sur Bastien.

-
               Le médecin arrive, j’ai appelé mon mari, il arrive lui aussi. Je vais aller m’occupais des enfants, tu peux continuer à…

Je ne  laissais pas le temps de terminer sa phrase, acquiesçant de la tête.

-
               Appelle-moi s’il se passe quelque chose, dit-elle, lançant un regard anxieux sur Bastien, avant de sortir de la chambre.

J’attrapais un magazine sur ma table de nuit, plus pour m’empêcher de m’inquiéter que pour réellement le lire. Mes yeux passaient sur les pages sans trop faire attention aux pages qui défilaient. Plusieurs fois je jetais un coup d’œil à Bastien qui semblait dormir la respiration calme et régulière.  Alors que j’arrivais vers les dernières pages, Bastien se redressa soudain, posant ses pieds sur le sol, regardant droit devant lui, extrêmement calme.

-
               Bastien ? Murmurais-je presque, comme si j’avais peur de déclencher quelque chose.

Bastien se tourna un cours instant vers moi, mais finit bien vite debout sur ses deux jambes comme s’il ne m’avait pas vu. Ses deux mains passèrent de chaque côté de son t-shirt, il l’enleva totalement avant que je ne comprenne ce qui c’était passé. Mon regard s’attarda seulement quelques secondes sur son torse, ne pouvant m’en empêcher, mais ce fut a vu de ses mains s’attaquant à sa braguette qui me faire réagir. Me levant j’allais directement vers lui et l’arrêtait, l’appelant par son nom. Bastien ne me regarda presque pas. Je le ramenais jusqu’à son lit, et il s’y coucha sans bronché. Il ferma presque aussitôt les yeux, et se rendormi, comme si rien ne s’était passé. Je remontais la couverture sur lui, tentant de me convaincre que ce n’était qu’une légère crise d’insomnie. Cette hypothèse sonnait faux. M’asseyant de nouveau sur mon lit, je ne lâchais pas Bastien des yeux.

 

A peine trois minutes plus tard, j’entendis Bastien me demander :

 

-               Morgan ? Qu’est ce que je fou dans mon lit.

 

Alors qu’il tournait la tête vers moi je le regardais hébété sans trop savoir quoi lui répondre. Mais il se moqua de mon silence et ajouta :

-               Quelle heure est-il ? Il faudrait que je me lève.

-               C’est bientôt le soir Bastien, reste couché, tu as besoin de repos.

Bastien n’eus pas la moindre réaction, restant immobile un court instant avant de me demander à nouveau :

-
               Quelle heure est-il ? Il faudrait que je me lève.

-               Bastien ? Demandais-je inquiet. Tu te moques de moi ou tu ?

Me redressant pour aller chercher sa mère, Bastien acheva de me décider lorsqu’il me demanda encore :

-
               Quelle heure est-il ? Il faudrait que je me lève.

 

Plus qu’inquiet, je me mis à sa hauteur et constatant l’absence de t-shirt sur lui, j’attrapais celui qu’il avait négligemment enlevé et le lui tendis. Si sa mère arrivait, je suis sur qu’elle ne verrait pas d’un très bon œil son fils à moitié nu. Bastien le mis, sans même me parler, le regard dans le vide comme absent.
Attrapant ensuite sa main, je le forçais à me regarder. Lui demander un instant de concentration et de présence semblait être impossible, pourtant je lui dis calmement :

-
               Bastien reste ici, je reviens.


C’est à ce moment là que j’entendis le médecin et la mère de Bastien monter dans les escaliers. Allant les rejoindre, je leur fis un bref résumé de ce qui venait de se passé, omettant le fait qu’il ait voulu se déshabiller complètement, expliquant qu’il avait juste tenté de le faire. Le médecin paraissait lui aussi inquiet, et sa mère ne cachait plus sa panique. Il me posa plusieurs questions ciblées sur ce qui c’était passé durant ces derrières semaines. Je commençais à véritablement m’en vouloir de ne pas avoir parlé de tout ce que j’avais constaté chez Bastien ces derniers temps.

 Anxieux, j’entrais avec eux, découvrant Bastien, assis sur son lit, vaseux et complètement perdu. Il nous lança un regard interloqué, ne comprenant apparemment pas la raison de notre présence ici. Le médecin ne perdit pas de temps. Il s’approcha de Bastien, posant son trousse de médecin sur le lit à côté de Bastien. Sortant tout son matériel, il commença par regarder ses pupilles, avant de prendre son pouls et sa tension. Caroline, la mère de Bastien, se tenait à côté, à l’affut de la moindre de réactions du médecin, et je me surpris à être dans le même état qu’elle.  Bastien quand à lui semblait très faible, soumis à ce qu’on lui faisait. La lueur de colère qui brillait le plus souvent dans ses yeux était comme éteinte.

-               Est-ce que tu te sens fatigué en ce moment Bastien ? Ta tension est très basse. Lui demanda souvent le médecin.

Bastien acquiesça simplement, ne prenant pas la peine de parler.

 

-               Sur une échelle de un à dix, quels est le niveau de douleur de tes maux de têtes ?

                                                  

Bastien hésita avant de répondre très brièvement :


-
              Neuf…

Je sentis sa mère tressaillir, et j’esquissais un geste vers elle avant que le médecin se tourne vers nous et nous demande
  en tentant de garder son sang froid.

-
              Il faut appeler une ambulance, je préfère que son cas soit vu à l’hôpital. Ils auront le matériel pour véritablement l’examiné
-
              Qu’est ce qu’il a ? demanda aussitôt Caroline, la voix très faible.
-
              Je ne peux encore confirmer mon diagnostique.

Blanche comme un linge, je décidais d’agir. Je sortis de la chambre, prévenant que j’allais chercher le téléphone, puis revint en courant l’apporter au médecin. Mon cœur battait à une allure folle, j’avais peur pour Bastien, peur que l’air du médecin soit identique au mal de Bastien.

-
              Je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital, tenta Bastien lorsque je revins dans la chambre.

-              Bastien, ne dit pas de bêtises dit sa mère.

Il ne répondit rien lorsqu’il m’aperçut. Je tendis le téléphone au médecin, sentant que ce serait lui le plus à même de les appeler. Sa mère s’assit à côté de lui, et passa tendrement la main dans ses cheveux. Bastien ne la rejeta pas, comme il aurait eut l’art de le faire, mais c’était comme s’il ne se rendait pas vraiment compte de ce geste. Il lui lança un simple regard, avant de se perde je ne sais ou. Ne sachant trop que faire, je m’appuyais contre le mur, tentant de cacher mon angoisse plus à Bastien qu’aux autres. Le médecin avait finis son coup de fil, et me tendis le téléphone, disant qu’ils n’allaient pas tarder. La mère de Bastien tenta alors de prendre son fils dans ses bras, mais Bastien sembla revenir à lui quelques minutes. Refusant une telle étreinte, il la repoussa sans grande conviction, mais de manière assez claire pour que sa mère n’insiste pas. Nous entendîmes la porte d’entrée claquée, signe que le père était de retour et il ne tarda pas à lui aussi arrivé dans la chambre. Le médecin lui expliqua brièvement la situation, tandis qu’il s’approchait de son fils. Il s’assit de l’autre côté de Bastien et alors qu’il allait parler, sa mère me demanda d’aller surveiller les petits. A contrecœur, je sortis de la chambre, après un dernier regard lancé à Bastien.

 

Je me retrouvais en bas de escaliers, me dirigeant dans le salon ou j’entendais les deux petits jouer le plus sagement que leur âge le leur permettait. Lorsque je leur proposais d’aller jouer dehors profitant des derniers rayons du soleil, ils accueillirent la nouvelle avec joie. J’avais d’une part besoin de m’aérer, de fumer une cigarette, et l’envie inutile de guetter l’arrivé de l’ambulance était trop forte.

Arrivé dehors, ils coururent vers la balançoire, tandis que je leur demandais cinq minutes. Sans perdre de temps, je sortis machinalement une cigarette de mon paquet, et l’allumait. Tirant ma première bouffée, j’expirais profondément, tentant d’évacuer le surplus de stress. Mais cela était inutile. Bien vite, mon regard se posa sur la rue, attendant impatiemment qu’une camionnette déboule avec sont gyrophare. Je n’avais pas du tout aimé l’air du médecin, et j’aurais préféré rester dans la chambre pour en savoir plus. Je tenais à Bastien, peut être un peu plus que je ne l’aurais du.
Lorsque la sirène de l’ambulance retenti, je sautais sur mes deux pieds, et invitant les enfants à rentrer, je courus jusqu’à la chambre de Bastien pour avertir de leur venues. Bastien était entre son père et le médecin, soutenu, presque portait, il ne semblait pas tenir sur ses jambes.

-               Ils sont là… Dis-je brièvement.

J’avais surveillé Bastien pendant deux semaines, mais je ne l’avais jamais vu aussi mal. Ils transportèrent Bastien jusqu’à l’entrée, et à peine eurent-ils ouverts la porte, que les ambulanciers s’occupèrent de Bastien. Rapidement, avec des gestes précis, il le mire sur la civière, le faisant entrer par la porte de derrière. Alors que Caroline montait à l’arrière avec Bastien, son père m’attrapa par l’épaule et me demanda très sérieusement :

 

-               Je vais garder les enfants, ça ne te dérange pas d’accompagner Caroline et Bastien ?

Comprenant qu’ils s’inquiétaient pour tous les deux, j’acquiesçais avant de monter à l’avant de l’ambulance. Nous partîmes aussi vite qu’ils étaient venus, roulant excessivement vite, la sirène allumée. Le cœur battant je croyais que nous n’allions jamais arrivé, alors que le trajet dura à peine dix minutes. Une fois garés devant l’hôpital, ils sortirent Bastien sur un fauteuil roulant, chose qui me fit un drôle d’effet. Sa mère était livide et nous nous rendîmes très rapidement à l’accueil. Cette précipitation de la part des ambulanciers était particulièrement angoissante. Bastien fut vite emmener en sale d’auscultation avec sa mère, pendant qu’on me dit d’attendre sur un des sièges de la salle d’attente. Je m’assis un moment, prenant un magazine avant de le reposer deux minutes plus tard. Impossible de me concentrer et surtout de me calme. Comprenant que les examens aller prendre un certain temps, je décidais d’en profiter pour sortir et m’allumer une cigarette. J’eus largement le temps d’en fumer une deuxième, avant de retourner dans cette salle d’attente. Je détestais les hôpitaux, m’y était rendu plusieurs fois avec ma sœur pour aller chercher ma mère.

Trois bons quarts d’heure passèrent, et je me levais presque immédiatement lorsque j’aperçu Caroline, la mère de Bastien revenir. Elle était seul, et comme épuisée.
Je n’eus pas besoin de lui poser de questions, m’expliquant ce qu’il en était.

 

-               Ils ne peuvent pas encore dire ce qu’il a. La suite des examens se fera demain matin. Ca ne te dérange pas de passer la nuit ici ? Nous pouvons aller dans sa chambre.


J’acquiesçais simple en la suivant dans le dédale des couloirs. Le trajet se fit dans le silence, et je pouvais sentir Caroline tendue comme jamais. Arrivé devant la porte qui devait être la chambre de Bastien, Caroline s’arrêta puis se tourna vers moi. Sans me laisser le temps de réagir, elle me prit dans ses bras, me serrant très fort, dans une étreinte maternelle. Je la lui rendis, passant fébrilement mes bras autour d’elle. Elle semblait en avoir besoin tout autant que moi. Tapotant ensuite tendrement dans mon dos, elle se sépara de moi, poussant un soupire, les yeux humides. Sans un mot, elle se tourna et posa sa main sur la poignée. Son contrôle d’elle-même ne tenait qu’à un fil. La porte s’ouvrit alors que la pièce était plongée dans l’obscurité, Bastien devant dormir. Caroline s’approcha du lit tandis que je refermais la porte derrière nous.
 

-
               Bastien, tu dors ? Lui demanda-t-elle en murmurant.

-               Non, lui répondit Bastien d’un ton si faible qu’il était à peine perceptible.


Sa mère s’approcha vivement du lit, allumant la lumière du chevet, attrapant sa main avant de s’asseoir tout prêt de lui.

-               Tu as mal mon chéri ?

-               Non, dit-il une seconde fois, le regard posé ailleurs.

Je ne m’approchais pas trop prêt du lit, gardant une distance, ne trouvant pas vraiment ma place. Bastien semblait encore plus pâle que d’habitude et la lumière lui donnait un teint verdâtre. Le voir si petit et faible dans son lit d’hôpital me mettait vraiment mal à l’aise.

 

-               Tu as besoin de quelque chose mon chéri ? Ajouta sa mère quelques secondes plus tard, embêté de se sentir impuissante.

 

Bastien qui avait jusqu’à maintenant son regard dans le vague, posa soudain ses yeux sur moi, comme s’il ne s’était pas aperçut de ma présence jusqu’à présent. Bien que dans les vapes, il semblait à cet instant portait toute sa maigre concentration sur moi. Je n’aimais pas la froideur de ce regard, bien qu’habitué. Pourtant, celui-ci me déstabilisa, Sans tourner la tête vers sa mère, me toisant toujours de ce regard presque haineux, il demanda à sa mère, alignant pour la première fois depuis mon arrivé plus de deux mots :

-
               Je veux qu’il sorte d’ici !

 

 Il me fallut un certain temps avant de réagir, mais pas assez pour que sa mère dise quelque chose. Tournant le dos, je sortis de la chambre sans un bruit, et me dirigeais vers la salle d’attendre. Je ne pouvais nier mon énervement vis-à-vis de son attitude, mais je ne parvenais pas à lui en vouloir. D’ailleurs, je remarquais que je ne lui en voulais presque jamais. J’étais même déçu qu’il n’accepte pas ma présence, mais je le comprenais. De plus j’étais resté à le surveiller tellement pendant ces derniers temps, qu’il ne devait plus me supportait. Maintenant sa mère veillait sur lui. Alors que j’allais tourner à droite, une main m’attrapa par le poigné, me força à me retourner, et la voix de Caroline se fit entendre :

-
               Morgan…

Je me tournais vers cette femme épuisé par l’angoisse pour la vie de son fils.

-
               Je suis désolée Morgan… Je… Dit-elle ne trouvant plus ses mots.
-
               Ce n’est rien, je comprends. Dis-je, tentant de lui ôter toute culpabilité. Je vais fumer une cloppe, et je serais dans la salle d’attente.
-
               Merci, souffla-elle sans lâcher mon poignet.

 

Sa poigne n’était pas bien forte, je pus m’en dégager facilement, sans aucune violence. Lui tournant le dos, je la laissais rejoindre son fils. Si elle devait s’inquiéter pour quelqu’un, c’était bien pour lui.

 

 

***

 

Il ne devait pas être loin de six heures du matin, lorsque je lâchais un soupire. Je n’avais presque pas fermé l’œil de la nuit, me contentant de m’assoupir un peu sur mon siège. La salle d’attente était totalement vide. Fouillant dans les poches de ma veste, je trouvais quelques pièces, et décidais de me prendre un café pour me réveiller un peu. Trouvant rapidement une machine après avoir demandé mon chemin à une infirmière Prenant mon café, je retournais une énième fois dehors, pour fumer la dernière cigarette de mon paquet. M’asseyant sur un banc, je regardais la ville prendre vie sous le soleil naissant. Le temps passait de plus en plus lentement, n’étant que plus impatient de savoir ce que Bastien avait. Il n’allait pas tarder à subir des examens plus poussés.

Au lieu de retourner tout de suite dans l’hôpital que je ne supportais plus, je restais encore dehors malgré la fraîcheur matinale. De plus en plus de voitures roulaient sur l’avenue en face de moi, et quelques oiseaux voletaient et se posaient à la recherche de potentielle nourriture que j’aurais sur moi. Je n’avais pas faim du tout. Finissant ma dernière gorgée de café qui était maintenant froide. Après un long moment où je restais sur mon banc, les yeux dans le vide, j’entendis des pas hésitants s’approcher de moi, et Caroline ne tarda pas s’asseoir à côté de moi. Tournant ma tête vers lui, elle ne tarda pas à me dire :

 

-               La suite des examens vient de commencé, Bastien est avec le médecin, ils vont lui faire des tests sur la mémoire et lui faire passé un scanner. Dans quelques heures nous aurons le verdict et…
Sa voix se noua dans sa gorge, incapable de dire un mot de plus.

Je ne répondis rien, me contentant de poser ma main sur la sienne, la serrant fort en tentant de lui apporter mon soutien. Elle mit beaucoup de temps avant de déglutir et de se reprendre. Au teint pâle et aux yeux cernés qu’elle avait, je compris qu’elle avait encore moins dormi que moi.

 

-               Mon mari ne va pas tarder, je l’ai eu au téléphone. Il dépose les enfants à l’école et il arrive. Je te dispense de lycée pour aujourd’hui, à moins que tu ne t’en sentes capable.

-              Je préfère rester ici, répondis-je. 



 SUITE DANS LA PARTIE 2

Publié dans I feel you

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